Le Wax, c’est le tissu en coton que nous utilisons sur nos Wibes. Il est appelé ainsi car le procédé de fabrication de cette étoffe implique de la cire pour colorer de façon sélective certaines parties. Et vous l’aurez compris, en anglais cire se dit wax ! Fabriqué en Côte d’Ivoire par Uniwax, il est le garant de nos racines, et la raison du métissage de nos baskets. En effet, leurs formes sont classiques et intemporelles, et que ce soient les Rétros, les N’zassa ou les City, toutes nos paires de baskets arborent fièrement une touche de wax. C’est ce qui les rend uniques, et leur donne à toutes, ce caractère si spécial qui a déjà séduit plusieurs milliers de client(e)s. Alors le wax, qu’est-ce que c’est exactement ? D’où vient-il vraiment et pourquoi vous le voyez aujourd’hui partout ? C’est toutes ces questions que nous nous sommes posées pour vous proposer cet article, et nous irons même un peu plus loin, à savoir : Quel futur pour le wax ?
Origines
Remonter aux origines du tissu wax, c’est tout d’abord regarder ailleurs qu’en Afrique. En effet, si ce tissu fait aujourd’hui partie intégrante de la culture de beaucoup de pays en Afrique subsaharienne, c’est en réalité un textile qui doit tout à l’Asie du sud, et plus précisément à l’Indonésie. De plus, découvrir l’histoire du wax, c’est aussi faire un bond en arrière, au XIXe siècle. Replaçons nous dans le contexte.
Dans les années 1850, L’Indonésie est un territoire colonisé par la couronne néerlandaise. Comme tous les territoires colonisés, il y énormément d’échanges culturels qui se mettent en place, et les européens sont friands de produits et de ressources venus d’ailleurs, qui sont un gage de richesse et de pouvoir.
Le textile indonésien en fait partie, et notamment le batik, qui est un tissu coloré, réalisé par la teinte sélective de dessins et d’imprimés grâce à de la cire. En pleine révolution industrielle, les Pays-bas souhaitent répliquer ce processus en Europe, afin de vendre des batiks en Indonésie aux peuples colonisés. Cependant, le peuple Indonésien rejette totalement ce nouveau produit qui n’est pas fabriqué dans la plus pure tradition. Petite anecdote, le tissu néerlandais n’avait pas cette odeur de cire emblématique que le tissu Indonésien traditionnel avait, et c’est une des raisons pour lesquelles il fut vivement rejeté.
Les Pays-Bas ne s’arrêteront pas à cet échec, et ayant industrialisé ce procédé de fabrication de textile avec de la cire. Ils décidèrent de le proposer à d’autres comptoirs commerçants dès 1880, via des commerçants britanniques en Afrique subsaharienne. Et plus précisément comme vous l’aurez deviné, sur la Gold Coast, qui n’est autre que le territoire Akan situé aujourd’hui à cheval entre la Côte d’Ivoire et le Ghana.
L’Afrique dit oui instantanément ! C’est un gros succès pour la couronne néerlandaise qui va dès lors produire en masse du textile et l’exporter en Afrique. Cependant, pourquoi y-a-t-il eu une telle réponse, un tel engouement pour ce nouveau textile, leWax ? Comment s’est-il imposé culturellement dans autant de pays et surtout comment a-t-il traversé les époques pour arriver sur nos baskets ? Nous essaierons de répondre à tout cela dans la deuxième partie de cet article.
Pourquoi l’Afrique ?
L’Afrique, c’est le berceau du monde, ce sont des traditions millénaires, transmises oralement et en chanson, mais aussi à travers des gestes, des rituels, des danses. C’est une histoire riche faite de plusieurs échanges, et des mélanges qui ont à chaque fois créé de nouvelles cultures, et la culture du wax en est l’exemple parfait.
Les tissus traditionnels, comme le Bogolan au Mali ou encore le N’Tchak dans le bassin congolais sont des textiles avec plein de motifs, des dessins qui racontent des histoires, qui sont chargés de transmettre un message. Les couleurs sont réalisées à partir de pigments trouvés çà et là, d’ou leurs couleurs terres. D’autre part, sur les rives de la Gold Coast, et en remontant jusqu’au territoire Voltaïque (aujourd’hui Burkina Faso) la tradition du textile se veut encore plus colorée, avec des textiles comme l’Indigo, appelé comme tel à cause de ce pigment d’un bleu intense qui colore les toiles, ou encore le Kente du Ghana et son équivalent Ivoirien le pagne Baoulé, qui sont des tissus à l’armure plus fine et plus riche en couleurs que les autres, et dont chaque pigment ou fil utilisé raconte lui aussi une histoire.
Lorsque l’on fait un parallèle avec ce qu’est le wax aujourd’hui, il n’y a pas photo, le succès de cette toile en Afrique était évident, surtout à une époque où la technologie néerlandaise permettait de créer du textile à bas prix, et que les commerçants mettaient sur le marché des nouveaux textiles avec des dessins, des couleurs et des motifs originaux et jamais vus auparavant. De plus, la tradition africaine du textile ne permettait pas forcément de créer des étoffes aussi douces que le coton sur lequel le wax est imprimé. Ce nouveau tissu représentait alors un bond vers le futur : un tissu tout aussi coloré, moins cher que les étoffes traditionnelles et plus confortable. En 1927, après plusieurs fusions et acquisitions, Vlisco est né. Aujourd’hui toujours leader mondial de la production de wax, Vlisco fabriquait jusqu’en 1960 tous les tissus en wax distribués dans les pays Africains, et ce n’est qu’au moment de la vague de décolonisation que le Ghana a décidé d’appliquer de lourdes taxes sur les produits importés que des usines de productions se sont installées localement. Ainsi aujourd’hui, Vlisco reste le leader en termes de qualité et de production du wax et continue d’exporter ses produits en Afrique. Le wax Hollandais est devenu, grâce à la qualité de son impression et à d’autres procédés de fabrication qui lui sont propres, un véritable produit de luxe, qui se collectionne et s’offre localement lors de cérémonies telles que les mariages.
Néanmoins, deux de ses filiales Africaines, dont GTP au Ghana et Uniwax en Côte d’Ivoire, où nous sommes fiers de nous fournir en wax pour confectionner nos sneakers, sont également devenues des entreprises garantes d’une certaine qualité de fabrication, mais aussi d’un style qui est propre à chaque culture. Le wax aujourd’hui, c’est s’inspirer de notre histoire, pour raconter un présent et un futur à travers le textile. Comment le wax s’est-il emparé de la culture populaire dans nos pays Africains, et surtout, que pourrait-il devenir ?
Un avenir pour le Wax
Aujourd’hui très diversifié, le wax est devenu un incontournable de la culture africaine, mais pas seulement. Selon le pays, mais surtout selon la culture, le style et les couleurs sont différents. Cependant, certains modèles ont su transcender totalement les pays et s’imposer comme de véritables marqueurs, c’est ce qu’on appelle un champion. Si vous vous intéressez un peu au wax, il est impossible que ces différents noms ne vous évoquent rien : Fleurs de Mariages, Mari Capable, Tu Sors Je Sors, Je Cours Plus Vite Que Ma Rivale, Alphabet, etc…. Nous l’avions mentionné plus haut, le wax s’inspire et se nourrit de la culture et ainsi raconte une histoire à travers des dessins. Les champions se sont vus inventer une histoire par les femmes commerçantes sur les marchés pour donner un argument de vente, et cet argument s’est lentement transformé en légende. Ainsi, lorsqu’une femme porte Mari Capable, elle envoie le message que son époux est très riche, et a ainsi pu lui offrir cette étoffe en guise de cadeau. De même, lorsqu’elle porte Je cours plus vite que ma rivale, elle signifie aux autres qu’elle a l’esprit de compétition, et qu’elle sera prête à tout pour être la meilleure des épouses.
Toutes ces significations font aujourd’hui partie du folklore historique du wax, et c’est pour cette raison qu’il est désormais inséré dans la culture populaire. Cependant, que peut-on dire du futur du wax ?
Evidemment, au fur et à mesure que la société évolue, les mœurs et les habitudes de consommation évoluent également. Pour le wax, il était temps de quitter un peu les cantines des collectionneuses africaines et de s’insérer partout, en commençant par la décoration. En effet, aujourd’hui, coussins, plaids, poufs, rideaux, abats-jours et autres objets de déco revêtent les magnifiques dessins qui caractérisent le wax. Mais pas seulement, car fortement inspirée par la diaspora Africaine ayant élu domicile en Europe, une vraie tendance se dégage de l’univers du wax, jusqu’à pousser la maison Dior, et sa Directrice Artistique Italienne Maria Grazia Chiuri, à intégrer le wax dans l’une de ses collections croisières. Petite anecdote, ce wax a été produit en Côte d’Ivoire, chez Uniwax, où nous nous fournissons également. Le wax est désormais présent partout, dans la mode, dans la déco de chacun et bien entendu sur nos sneakers. Dans le futur, nous pourrons prévoir une évolution de nos champions favoris, peut-être sur d’autres supports que sur coton, comme cela commence déjà à être le cas, où encore sur d’autres produits comme sur des lunettes ou encore simplement rester comme tel, intemporel et parfait, comme un tartan.
Peut-être est-ce la façon de le fabriquer qui pourrait changer, en adoptant plus d’éco-responsabilité dans son processus de fabrication ? Ou encore, au fur et à mesure que la tendance évolue, les entreprises qui produisent le wax pourraient s’adapter à une norme mondiale de la tendance pour proposer des dessins toujours plus actuels. Tout cela en gardant leur ADN empreint d’histoire et de légendes.
Wibes : des vibes de Wax
Finalement, le wax est exactement comme nos sneakers Wibes : un produit hybride. Originaire des Pays-Bas, c’est un produit qui s’inspire fortement d’un procédé de fabrication Indonésien et qui a eu énormément de succès en Afrique. Seulement aujourd’hui, qui peut dire que le Wax n’est pas Africain ? Même si, en découvrant toute son histoire, nous nous rendons compte qu’il n’a été qu’adopté dans nos pays Africains, le wax ne prend tout son sens et tout son caractère lorsque l’histoire d’un champion est conté par une femme sur un marché. C’est la beauté de ce textile, son patrimoine transcende toutes les cultures et s’impose comme un marqueur de temps et d’histoire. De la même manière, les Wibes, en ayant ce côté hybride, toujours entre la France et la Côte d’Ivoire, se place en tant que garant de ce métissage qui se révèle être une richesse. Un moyen de communiquer, d’apprendre et de comprendre la culture d’autrui, mais aussi un moyen d’affirmer son style, et de montrer un bout de sa personnalité à travers un produit que l’on porte.